vendredi 2 août 2013

STEPHANE BERN A VEULES LES ROSES : AURAIT-IL EMPRUNTÉ LA LANTERNE DE DIOGÈNE POUR RECHERCHER L’HOMME ?




Blessées dans leur cœur, blessés dans leur corps, blessées dans leur âme, blessés dans leur attachement patrimonial, nombreux Veulais ont adressé  des protestations à leur maire, formulé ouvertement des critiques à son « pion » de horsain, chargé de leur expliquer leur village. A  eux, comme aux téléspectateurs de France et de Navarre. A moi, qui regardais l’émission sur F 2 à Paris.
Revenue à Veules les Roses, je découvris - non sans surprise -  dans le petit journal édité par les soins de la mairie, la photo de M. le Maire face à Stéphane Bern. A côté de la vedette du petit écran notre édile prenait la pose d’une star, rayonnait de satisfaction !  Tel un paon qui fait la roue, il exhibait avec fierté ce qu’il devait vivre comme une inespérée promotion sociale. Promotion sociale ou nouvelle erreur fatale ?! « Ce qui fait honte à  l’intelligent remplit de fierté le stupide » selon un dicton de mon pays natal.
Je devais apprendre ainsi que tout au long du tournage M. le Maire était présent mais silencieux : sans trouver l’inspiration pour évoquer les charmes de son village, sans tomber dans la tentation de faire part des sentiments éventuels à son égard, de faire découvrir au pays entier l’ambiance qui y régnait  ou encore d’illustrer une entente éventuelle avec ses sujets. Pardon, avec ses administrés. Ce panache là fut le lot de ses homologues en charge des autres villages en lice. Lui, se contentait de suivre les explications au ras des pâquerettes de son benêt de protégé, par ailleurs – me semble-t-il – flatteur breveté, et d’agir en sous-main : empêcher des Veulais de souche à intervenir.
Etant moi-même une horsain, mais Veulaise d’adoption voici déjà quarante ans, j’ai eu le loisir de pénétrer dans les méandres de ce village d’exception, de me souder littéralement avec ceux qui le peuplent. Aussi ai-je évalué à leur juste mesure la gravité de ces erreurs psychologiques  du maire. La portée de leurs séquelles. Estimant, à tort ou à raison, qu’il était encore temps de limiter les dégâts, il m’a paru opportun d’essayer à ouvrir le regard de M. le Maire sur la réalité ambiante.
Par un hasard miraculeux, il apparut un matin sur la place centrale. Poliment, quasi humblement, je l’abordai en lui demandant un entretien au sujet du tournage et de l’exclusion des uns au profit des autres. Dans une réaction vive, sinon violente, il se mit à vociférer : non, il n’avait aucun droit à la parole, seuls, les réalisateurs faisaient le choix des intervenants. Ceci affirmé, il me tourna le dos et partit en proie à une colère indescriptible. Ce faisant, il offrit un nouvel exemple de cet isolement néfaste dans lequel vous plonge tout pouvoir qui se prolonge, vous déconnecte de la réalité, du bon sens, de la commune mesure ; vous rend sourd, aveugle, à la limite, autiste.  Ne vous laisse votre esprit ouvert qu’à une seule chose : la flatterie ! De ces potentats, les béni-oui-oui uniquement peuvent se targuer d’avoir l’oreille.
Quant à moi, je vis comme dans un éclair, Stéphane Bern en train d’emprunter  à Diogène sa lanterne afin  de rechercher à travers Veules les Roses « un homme vrai, un homme qui ait de la superbe ». La lanterne du cynique philosophe joua-t-elle un mauvais tour à notre journaliste-cinéaste ?

mercredi 31 juillet 2013

A VEULES LES ROSES : MORNE CHAMP DANS UNE VALLÉE ÉTROITE

Consacrer une émission au village, voire à des villages préférés des Français, fut une heureuse initiative. Pour se mettre en valeur, se donner des chances de gagner la compétition, chacune de nos régions sélectionna son candidat-joyau. Et chacun de ces joyaux se mettait en quatre pour se présenter sous son meilleur jour. Beautés naturelles, créations architecturales ou artistiques, aménagements divers, coutumes, traditions, ambiance chaleureuse et même joviale au sein du village.Fiers de mettre leurs villages respectifs en valeur, les maires, s’appliquaient dans cette compétition, laissaient voir aussi qu’ils vivaient en bonne entente avec leurs administrés, partageaient leurs divertissements en jouant aux boules, à la pétanque, aux échecs, etc … etc … Images d’Epinal, elles ouvraient agréablement les horizons des téléspectateurs.
Veules les Roses fut sélectionnée comme panache de la Haute Normandie. A juste titre. Ou, plutôt, à plus d’un titre car ce village d’exception recèle de nombreux atouts ! A commencer par son emplacement au sein d’un vallon entre deux falaises, et sa configuration où l’attrait principal constitue ce plus petit fleuve de France qui prend ses sources à la lisière sud du village et le traverse tout au long pour se jeter dans la mer Attrait principal mais aussi son berceau ! Car le village naquit autour de la Veules et la vie s’organisa d’abord autour d’elle et grâce à elle. Dès le Moyen Age, ses rives furent peuplées de petites maisons de pêcheurs, de meuniers, de tisserands. Au fil des siècles ce noyau premier va s’élargir, s’enrichir de constructions plus élaborées, plus cossues, mais toujours dans le respect du style du pays. Relativement épargné par les effets dévastateurs des guerres, Veules les Roses conserve en bonne partie le charme de son authenticité. Fiers de leur village, foncièrement attachés à lui, fidèles et respectueux des coutumes et traditions ancestrales, les Veulais étaient pleins de verve à l’idée de mettre en lumière tout ce qui constitue la quintessence de leur patrimoine. Les jeunes se voyaient déjà vêtus de costumes régionaux en train de déambuler dans les ruelles de Veules les Roses. Leurs aînés caressaient l’idée de dévoiler ses aspects pittoresques plus ou moins connus non sans les émailler d’humour cauchois formulé en dialecte.
Le grand jour venu, ce fut la grande désillusion. Des Veulais de souche désireux de présenter le caractère véritable de leur village furent écartés d’office. A leur place, l’honneur de présenter le village et de proposer un scénario aux journalistes fut accordé à une seule personne. Le maire, me diriez vous ? Oh, que non ! A aucun moment il n’est intervenu dans l’émission pour vanter les avantages de sa commune, manifester ses sentiments ou encore pour faire valoir les bon rapports avec ses administrés. Lors de cette émission - comme au quotidien du village plutôt morose - M. le Maire se fit invisible. Invisible à Veules mais en revanche facilement repérable dans les magasins et grandes surfaces des alentours…
 A la stupéfaction générale, M. le Maire se fit substituer par un horsain, de surcroît Veulais de fraîche date. Visage benêt en forme de pleine lune, cet homme dont le nom polonais fut largement reproduit sur l’écran, limita benoîtement ses explications au niveau des anecdotes ! Et c’est ainsi que la sente qui longe la Veules au début du village, prénommée par une sorte de boutade plaisantine Chemin des Champs Elysées, alors que les vacanciers parisiens commençaient à découvrir les attraits de Veules, fut présentée comme une petite concurrente de la plus belle avenue du monde ! A notre guide d’expliquer avec cette assurance propre à l’ignorance : les champs qui s’étalaient ici appartenaient à un M. Elysée… Et, aux téléspectateurs de faire un effort d’imagination afin de voir les champs dans un cadre qui évoque plutôt des gorges. Soyons indulgents : il faut laisser un peu de temps à notre novice pour s’initier à l’histoire du village et à ses secrets. Il apprendra ainsi que les dits Champs de M. Elysée existaient bel et bien mais à une certaine distance…
Peu de temps après l’émission sur F 2 un couple, originaire du village alsacien qui décrocha la première place dans cette compétition, est venu visiter Veules les Roses. Surpris par la beauté de Veules les Roses, le couple fit cette confidence au restaurateur qui leur avait servi le repas : « Notre village, classé premier, est loin d’être aussi joli ! Seulement, notre présentation était plus attrayante…… »

dimanche 28 juillet 2013

MAIRE DE VEULES LES ROSES : INTIATIVE « PHARAONIQUE »

Il est en fait bien connu : chacun de nos présidents a voulu marquer, immortaliser, la période de son pouvoir avec une création grandiose .: A Pompidou Beaubourg, à Mitterrand la Très Grande Bibliothèque, à Chirac le Musée des arts premiers… Les municipales avançant à grands pas, le maire de Veules les Roses s’est empressé à réaliser le projet qu’il caressait de longue date : donner son cachet au front de mer.. Rendre visible la dernière partie du cours de la Veules, ce plus petit fleuve de France, jusqu’alors dissimulé sous un parking. En soi, l’idée se justifie, mérite d’être saluée. Mais c’est la propension à la grandomanie qui accompagne ce dégagement qui choque ! Choque d’autant plus en période de crise que nous traversons et où chaque sou est précieux pour améliorer des situations ou des états précaires. Situations et états qui s’ajoutent sans cesse les uns aux autres… Qu’importe ! Pour celui que certains de ses administrés surnomment « Roudoudou Ier », seul le spectaculaire compte. Fut-il d’un goût discutable. Autour de la Veules, désormais dégagée avant de se jeter en cascade dans la mer, un vaste terrain fut réquisitionné, creusé, aménagé à grands frais dans un style qui se veut au top du fastueux. Sur ce vaste terrain ayant pour but d’offrir un moment de délectation au bon peuple, seuls, trois bancs se battent en duel, le reste de la surface étant recouvert, voire, obstrué par un simulacre de roches éparpillées. Résultat : les visiteurs qui s’y engloutissent pique-niquent par terre. Observatrice attentive ou esprit mal tourné, toujours est-il que l’aspect de cette cavité m’évoque un vagin géant et béant. ! Et, à la voracité d’une mante religieuse. Car il dévore inlassablement sa « garniture » ! La végétation qui l’encadre, susceptible de contribuer à l’éclat, dépérit sans cesse comme rongée par sa matrice. On a beau la soigner, la changer dans les cas désespérés, rien n’y fait ! Aux cascades de la Veules, s’associent désormais - dans une harmonie fâcheuse - des cascades de dépenses …

vendredi 5 juillet 2013

HENRY DE LUMLEY : quand la démesure va jusqu’à nier l’évidence

C’est un fait bien avéré : la panoplie de vestiges anciens sur le site protohistorique du Mont Bego qui a échappé au regard de Henry de Lumley ou au regard de ceux qu’il qualifie de ses collaborateurs est condamnée à l’inexistence ! Purement et simplement. Sur ce site riche en gravures on ne pratiquait pas la peinture, affirme avec autorité notre spécialiste. Est-ce pour cette raison que les motifs gravés et peints qui figuraient dans une grotte, culte de sommet ont disparu comme par un coup de baquette magique? Est-ce pour la même raison que les puissants acolytes de M. de Lumley se dépéchèrent à forger une preuve de leur “non-existence”, de traiter la découvreuse de ces motifs comme victime des “visions”, pire, comme un “danger pour le site”. Aucun mobilier archéologique n’existait sur le site du Mont Bego, affirma un jour le Maître devant la docte assemblée des immortels appartenant à l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Avec toujours le même aplomb. Encore moins des aménagements… Voici que ce joyau de notre patrimoine se trouva dépouillé de ses richesses. Dépouillé à priori. Les dieux voient de mauvais œil les mortels en proie à la démesure. L’hybris étant un provilège qui leur revient, ils châtient les mortels qui prennent la liberté de se hisser à leur niveau. Il en va de même sans doute avec les lieux consacrés comme leur résidence. Ces hauts lieux qui dégagent une force peu commune dont le Mont Bego. Et voici que le site opposa cette force à un mortel qui se croit puissant au point de le dépouiller de ses biens. Il commença par révéler les mêmes motifs, désormais volatilisés dans la grotte culte. A une centaine de mètres plus bas! En y ajoutant d’autres peintures. Il étala d’un seul coup une pléthore de vestiges matériels figurant, tous, dans des contextes aménagés avec soin et minutie. Il dévoila des mégalithes installés avec une maîtrise extraordinaire ou encore sculptés avec talent. Ces trésors dont l’existnece était logiquement prévisible sont désormais publiés dans l’ouvrage : VALLEE DES MERVEILLES - UN NOUVEAU REGARD Par Emilia Masson avec la collaboration de Bruno Ancel et de Paul Verdier Commandes à adresser avec un chèque de 20€ : Association A la recherche de notre passé 7, rue Victor Hugo 76980 – VEULES LES ROSE /Users/Bebili/Desktop/extrait.pdf

jeudi 28 février 2013

Nouvel Obs : Marcela Iacub versus DSK, « entretien exclusif » avec Eric Aeschimann, ou confidences sur le « divan » ? Mauvaise presse pour le journal et pour le CNRS. Voici déjà un moment que j’ai cessé de promener mon regard sur les feuilles du Nouvel Obs. Depuis le moment où il m’a semblé qu’il périclitait lentement mais surement. Le tapage autour de l’article visé faisant son effet, j’ai cédé à la curiosité, j’ai acheté le Nouvel Obs pour constaterqu’il était en train de toucher le fond. Combien seront-elles encore à s’emparer des affaires de DSK dans l’espoir de se propulser sur le devant de la scène, de décrocher une célebrité « poeple » ? Après l’affaire Banon qui a valu à la protagoniste quelques galons de publicité voici l’affaire Iacub ! Si Banon a cherché à se faire une place parmi les écrivains, Iacub, solidement ancrée au CNRS, n’hésite pas à emprunter des allures et des poses d’une star qui sont loin de correspondre au profil et à la décence de chercheuses dévouées à ce temple de la recherche française. Star et séductrice, grâce à cette aventure avec DSK où elle voit sans doute une dernière chance pour se hisser dans cette catégorie de (fausses) célébrités car l’âge presse, il la classe déjà parmi les roses qui perdent leurs pétales les plus pulpeuses. Et le jadis sérieux Nouvel Obs n’hésite pas à satisfaire ses pulsions, me semble-t-il, narcissiques pour assouvir, lui, ses pulsions mercantiles. L’appât du gain fait il oublier que le CNRS n’est pas une pépinière de mannequins ? Quant à notre journaliste, il s’improvise pour l’occasion un psy, à mon avis, psy de bas étage plutôt, pour faire l’étalage des névroses et des intimités peu reluisantes de celle qui se voit déjà dans la peau d’une héroïne. Grâce aux basques de DSK … Elle s’y accroche avec ardeur. Ses fixations sur les cochons ou même sur son toutou ne méritent-elles pas l’attention d’un psy digne de ce son ? Une interrogation au sein de cette affaire aux relents nauséabonds : comment un homme aussi brillant qu’est JÉRÔME GARCIN a-t-il pu s’impliquer dans cet article ? Pire, mouiller sa chemise pour une Marcela Iacub ? Comment ce grand seigneur de la plume, dont chaque phrase est une délectation, un enrichissement pour son lecteur, a-t-il pu élever cette héroïne fausse au rand des écrivains vrais ?

mardi 2 octobre 2012

TAXIS CONVENTIONNES : CONTRIBUENT-ILS À CREUSER LE TROU DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ?

Telle une vieille dame dont la peau flétrie laisse deviner quelques vestiges d’une beauté jadis éclatante, notre république conserve de beaux restes. Parmi eux, les taxis conventionnés que la Sécurité Sociale met généreusement à disposition de personnes affaiblies par la maladie. Intention louable, elle est maintenue en dépit de la panoplie de déficits qui gangrènent notre système de santé. Car ces taxis ont pour tâche d’assurer le transport de ceux qui partent de leur domicile vers des institutions susceptibles de soigner leur mal. Transport prévu dans un maximum de confort et en respectant les précautions qui se doivent. De cette initiative, en théorie sans faille, on ne peut que se féliciter ! Mais quid de la pratique ? C’est une autre paire de manches ! Car, un oubli fatal s’est glissé dans cette organisation a priori impeccable : elle laisse la porte ouverte à cette tentation qu’est l’appât du gain. Elle s’ouvre grand aux chauffeurs de ces véhicules homologués à en juger d’après leurs tarifs qui varient en général du simple au double par rapport aux taxis « normaux », ceux qui sont réservés à tout le monde. Pour arriver à une telle variation nos conducteurs ou, du moins bon nombre d’entre eux, n’hésitent pas à emprunter le chemin des écoliers, à favoriser les détours, à caresser les zigzags. Sans se soucier que ces voies sinueuses rallongent aussi le temps d’attente de ces êtres fragilisés, rongés par un mal. Victimes innocentes, on les imagine au pied de leurs demeures, exposés à la pluie, aux vents ou encore sous un soleil accablant en train de guetter avec impatience et lassitude l’apparition du véhicule mirifique. Au retour, c’est aussi l’attente, certes à l’abri mais dans l’inconfort coutumier aux halls d’entrés dans les hôpitaux. Résignés et obéissants, ces malades, bénéficiaires d’un voiturage gratuit, commencent par faire la queue debout au guichet du personnel s’appropriant la charge d’appeler pour eux un taxi. Intermise à titre de bienveillance, dégagerait-elle un parfum de connivence entre des appelants et des appelés ? Car rien n’interdisait à ces patients de décrocher leur téléphone mobile pour contacter directement les mêmes services … en position assise. Pour avoir le cœur net j’ai soumis à l’épreuve mes soupçons. Le résultat est, pour ainsi dire, d’une précision mathématique : le coût d’un taxi conventionné, commandé par téléphone au dernier moment s’élève à environ 30€ pour un trajet entre la station Gentilly du RER B et la rue d’Ulm dans le Ve arrondissement de Paris, effectué aux jours et aux heures ouvrables (tarif A). Pour le même trajet, effectué dans les conditions identiques, le prix d’un taxi « normal » s’élève à environ 15 € ! Cet exemple qui porte sur une petite distance permet néanmoins d’imaginer les bénéfices réalisés sur les parcours plus longs. Pour aller encore plus loin dans mon enquête j’ai payé un taxi conventionné afin de garder la fiche destinée au remboursement par la Sécurité Sociale. Témoignage éloquent s’il en est : « montant » (pour le trajet cité) 29€60 ; « lieu départ » illisible ; « heure de départ » aucune indication ; heure d’arrivée 14h/5. Les services concernés de la Sécurité Sociales ferment-elles les yeux sur ces flous bien calculés ? Voici qui invite à la réflexion sinon à la vigilance …

mardi 3 avril 2012

INSTITUT CURIE HOPITAL : « AUBERGE CURIE » À L’OCCASION ?

Quelle ne fut ma surprise l’autre jour en pénétrant au service « Oncologie adulte - soins intensifs » situé au premier étage de l’Institut Curie ! Service réservé aux patients fragilisés par la maladie, fatigués, immunodéprimés surtout De ce fait, susceptibles d’attraper n’importe quel virus, n’importe quelle bactérie ou autre saleté. Des mesures sévères d’hygiène y sont de mise. On interdit même d’apporter des fleurs. Non sans raison.
A la place des visions habituelles qui vous affligent, que vous suivez du regard le cœur serré, je devais découvrir une scène insolite qui évoqua à mon esprit l’une de ces ambiances dont Federico Fellini avait le secret ! Les trois petits salons sur lesquels s’ouvre le couloir qui abrite le service en question et qui permettent aux malades de rompre la monotonie de leurs chambres respectives ou de recevoir un familier furent envahis par une bonne trentaine de personnes. Un groupe aussi cohérent que prévoyant à en juger d’après la quantité de victuailles disposées sur les tables basses. Dans leur organisation une seule faille : des chaises pliantes ! L’espace n’étant pas prévu pour des groupes aussi importants, ceux qui ne trouvaient ni siège ni place disponible se sont répandus dans le long couloir qui donne l’accès aux chambres. Répandus en maintenant un fond sonore comparable à celui des auberges, bistros ou restos ! Quid des malades qui cherchaient un réconfort dans le sommeil ? Quid du personnel spécialisé pour qui c’est un lieu de passage permanent ? Quid des brancardiers qui poussent ici des fauteuils et des lits roulants ? Ces questions auraient-elles effleuré l’esprit de nos visiteurs ?
Vers 13h., alors que j’entrai dans ledit service, ils s’affairaient, assis ou debout, mais tous avec le même empressement autour de leurs ripailles. Après tout on est « à l’heure de table », se serait dit dans un accès d’indulgence le visiteur surpris. Loin de se douter qu’il n’était pas au bout de ses surprises et que cette dégustation allait se prolonger au fil des heures pour atteindre l’heure du dîner….
N’étant pas du genre à supporter des abus et encore moins la chienlit, étant par ailleurs du genre qui ne recule devant aucune protestation, je me mis vers 16 heures à faire le siège du bureau réservé à «Monsieur Hygiène » ou, si vous préférez, « Cadre de Santé » en le langage administratif. Au bout d’une bonne heure j’eus la chance de me trouver face à lui. Chance bien méritée que j’ai saisie d’autant plus ardemment pour l’assaillir de questions, pour lui faire comprendre que je cherchais à comprendre…
- Par une journée aussi belle, aussi chaude, le jardin de l’Institut Curie est si agréable, il est jalonné en outre de jolies tables ! Pour quelle raison ces gens restaient-ils entassés dans l’espace exigu d’un service médical ?
Mon interlocuteur sombra dans le mutisme dès cette première question, me lança juste un regard torve .
- L’étalage des bouffes pendant des heures n’est-il pas malvenu dans ce lieu particulièrement protégé ? Une pépinière de microbes …
Même silence mais l’œil un peu plus torve. Point découragée, je poursuivais crescendo.
- Pourquoi tolérez vous cette situation depuis des heures ? Pourquoi ne les avez-vous pas éconduits ou, du moins, orientés vers le jardin ?
Nouveau silence…
- Comment ne pas réagir au festin et au vacarme de toute une tribu dans un cadre hospitalier?
La langue de « Monsieur Hygiène » se délia soudain :
- Ce n’est pas une tribu, Madame, c’est une famille, me rétorqua-t-il sur un ton réprobateur et aux accusations sous-jacentes .
Le racisme ! Béni soit-il ! Voici qu’il lui ouvrait une porte de sortie à cette situation pour le moins embarrassante. Une porte que je refermai aussitôt à l’aide de mes connaissances toutes basiques en matière d’ethnologie :
- Des vastes familles ne sont elles pas à l’origine des tribus ?
Ma question le plongeant à nouveau dans le mutisme je revins à la charge en l’invitant d’aller constater par lui-même l’étalage des ripailles.
Impassible, mon interlocuteur, vissé sur sa chaise, proféra juste en guise de conclusion :
- Cette situation ne se répétera pas demain !
En attendant elle se prolongeait la veille…
L’Institut Curie aurait-il amorcé cette pente douce sur laquelle glisse, je le crains, lentement mais inexorablement, notre pays pour plonger dans les abîmes d’une dégradation générale ?