lundi 14 avril 2014

A VEULES LES ROSES : CHIE-EN-LIT SUR LE FRONT DE MER


Le penchant pour le grandiose du Maire de Veules les Roses a  coûté cher au contribuable. On le sait ! Pendant de longs mois des engins aux dimensions peu appropriées à des ruelles du village se dirigeaient vers le front de mer, secouant des maisons, faisaient vibrer ce qui les peuplait à l’intérieur, à commencer par ces appareils sensibles que sont les ordinateurs. Tous ces efforts au prix exorbitant pour créer une vision  idyllique du front de mer, une  sorte de paradis pour les visiteurs. Dégager le lit de la Veules et se débarrasser en même temps du vaste parking qui recouvrait le petit fleuve et ne faisait vraiment pas joli dans le tableau. Procurer du bonheur aux visiteurs : leur courage de se mouvoir à pied sera récompensé par des espaces verts ou bétonnés qui leur sont désormais réservés.
Entre paradis promis et paradis perdu il n’y a, hélas,  qu’un  pas. Il fut franchi par ceux quine tiennent pas à user leurs souliers et encore moins leurs pieds… Pas franchi d’autant plus allègrement car c’est en toute liberté qu’ils improvisèrent un parking sur l’étroite zone piétonne… sur le pont qui enjambe la Veules…
Et voici qu’en fin de semaine une longue série de voitures encombre désormais cet espace destiné aux visiteurs pédestres. Plus grave, espace destiné aux enfants où ces véhicules serrent de près, de très près, le jardin d’enfants ! Comme le sens giratoire n’est pas prévu pour les piétons c’est au prix de laborieuses marches arrières que ces voitures arrivent à s’extraire de leur parking de fortune ! Reculons aux dangers redoutables pour les enfants qui s’y croient en toute sécurité et peut être aussi pour des visiteurs épris par la beauté du lieu. Sans parler du ballet incessant : une marche arrière à peine accomplie, un remplaçant se précipite en marche avant …
Personne pour faire régner l’ordre, pour imposer la discipline. Dans d’autres villages les maires sont omniprésents, ils sillonnent les rues, auscultent les lieux, prennent le pouls des situations, vont à la rencontre des gens. Après tout le maire est aussi le premier policier ce qui lui donne une autorité supplémentaire. Rien de tel à Veules ! Durant ses trois premiers mandats le maire, préférant vivre muré entre ses quatre murs a excellé par ses absences. Suite aux contestations houleuses qu’il vient d’essuyer publiquement, il risque même de se claquemurer pendant son quatrième mandat.
Mais que ses administrés se rassurent : ils auront toujours de ses nouvelles grâce à la presse locale. A profusion même ! Car notre édile semble avoir  bien compris l’esprit de  son temps : l’essentiel n’est-il pas de communiquer, de s’assurer une bonne pub  plutôt que d’œuvrer ou de prendre des risques d’agir ? La dernière édition du Courrier Cauchois (11 avril 2014) laisse présager que ses activités s’annoncent encore plus intenses et moins décentes sur ce plan : trois photos flatteuses y figurent sur une même page (53), triple panache qui est complété par une quatrième vue en haut de la page suivante (54) !  Il y a de quoi damer le pion à ses contestataires  et même  à laisser faire la chie-en -lit au bord de la mer !




jeudi 3 avril 2014

A VEULES LES ROSES : RENOUVELLEMENT DU CONSEIL MUNICIPAL SOUS LE SIGNE DU NOMBRE 13





Pour briguer son quatrième mandat le maire de Veules a décidé de renouveler ses troupes. Que dis-je ! Une partie de ses troupes, la garde rapprochée qui compte les plus fidèles, les piliers demeurait intouchable. L’esprit dynastique oblige, la progéniture d’un intouchable conserva également sa place sur la liste. Pour  s’attirer un maximum de voix, notre édile sacrifia quelques figurants anodins, ainsi sa vendeuse et par la suite ex-vendeuse, qui le seconda dans sa boutique comme pendant ses deux mandats. La stratégie s’avéra payante : les nouvelles recrues ont raflé le plus grand nombre de voix, un score plus modeste étant réservé aux adjoints fidèles ! Stratégie payante mais à double tranchant : elle entraîna sans tarder des effets calamiteux.
Avant l’adoubement par un vote supposé spontané et démocratique qui a lieu lors de la première réunion officielle, le maire et ses acolytes procédèrent  officieusement à une distribution des  cartes. Xavier Boulet, le grand gagnant de sa liste mais peu initié aux pratiques usuelles, sollicita en toute logique le poste du deuxième adjoint.  Vox populi vox dei , « la voix du peuple est la voix de dieu » cette jolie maxime romaine qui répercute une vérité essentielle ne semble pas effleurer l’esprit de notre édile. Sans égards, il élimina de la course aux adjoints ce grand gagnant et lui fit découvrir par là même une réalité qu’il était loin de soupçonner ! De son côté, notre futur ex-maire ne tardera pas à découvrir a quel point il a fait une sacrée boulette en écartant Boulet ! Plus discrètement, Jean-Paul Vast, autre grand gagnant, prit, lui aussi, le chemin de la démission. Et le nouveau conseil municipal tomba ainsi sous l’enseigne du nombre 13.
Déçu, révolté, Xavier Boulet fit le tour du village, informa tout le monde de la manœuvre souterraine, annonça son intention de présenter sa démission lors de la réunion publique. Chauffé à blanc, le bon peuple se mobilisa. De mémoire de Veulais on n’a jamais vu la salle des mariages aussi pleine ! Bourrée à craquer par un publique assis, debout, débordant dans l’escalier et bien décidé de faire entendre sa voix. Des répliques peu complaisantes fusaient. « Du grand guignol » lançait-on du fond de la salle alors qu’on procédait à la cérémonie du vote pour le maire et pour ses adjoints. Une cérémonie aussi interminable qu’inutile. Dépassé, l’ex-futur maire se retrancha derrière les règlements et menaça de faire sortir ceux qui interviennent. « On ne veut plus de moutons obéissants » renchérissaient en écho les forces vives du village. Aux protestataires horsains l’édile fraîchement réélu n’hésita pas à rappeler  qu’on était « en France, en démocratie républicaine et non pas à l’étranger ». Le racisme, quelle aubaine : c’est la planche de salut pour ceux qui se trouvent à court d’arguments…
L’attitude du public aurait-elle déteint sur de nouveaux conseillers municipaux ? Quelques bulletins inattendus le laissent penser : des bulletins nuls et surtout un bulletin au nom du maire alors qu’on votait pour son adjoint !
La séance levée, Xavier Boulet, ovationné, fortement applaudi, s’avança dans la salle pour lire sa lettre de démission. La gorge nouée par l’émotion, il relata le refus du maire  sous prétexte qu’un nouvel élu manquait d’expérience nécessaire pour assurer la fonction d’un adjoint. Le même argument fut évoqué à la presse…
« Le maire a la mémoire qui flanche ou bien il espère que c’est la nôtre qui a flanché » rétorquait, sourire en coin, Michel Boquet, son premier adjoint lors du mandat 1995-2001. « En 1995 j’ai été, moi aussi, élu pour la première fois ce qui n’a pas empêché le maire de me pousser à accepter la tâche du premier adjoint » !
La séance à peine levée un jeune homme aux dispositions belliqueuses non déguisées surgit devant moi. Sans prendre le soin de se  présenter, sans me laisser la possibilité de prononcer la formule d’usage « à qui ai-je l’honneur », il se mit à m’incriminer, à  me fustiger, tel un roquet qui surgit au coin de rue pour vous aboyer aux trousses. « Vous êtes juste une narcissique qui cherche à satisfaire ses pulsions narcissiques en répandant son érudition dans les notes de son blog… » Ce flot de paroles m’empêcha de préciser que ces notes relataient les scènes de vie alors que l’ « érudition » était réservée à mes publications scientifiques. Pendant que ses propos s’entassaient dans mes oreilles, j’entendais comme en stéréo le refrain de cette charmante chanson pour enfants : Il était un petit homme, petit homme » …
Cette joute oratoire à peine terminée, les curieux qui l’observaient me révélèrent l’identité du jeune homme : le fils du maire…