mardi 2 octobre 2012

TAXIS CONVENTIONNES : CONTRIBUENT-ILS À CREUSER LE TROU DE LA SÉCURITÉ SOCIALE ?

Telle une vieille dame dont la peau flétrie laisse deviner quelques vestiges d’une beauté jadis éclatante, notre république conserve de beaux restes. Parmi eux, les taxis conventionnés que la Sécurité Sociale met généreusement à disposition de personnes affaiblies par la maladie. Intention louable, elle est maintenue en dépit de la panoplie de déficits qui gangrènent notre système de santé. Car ces taxis ont pour tâche d’assurer le transport de ceux qui partent de leur domicile vers des institutions susceptibles de soigner leur mal. Transport prévu dans un maximum de confort et en respectant les précautions qui se doivent. De cette initiative, en théorie sans faille, on ne peut que se féliciter ! Mais quid de la pratique ? C’est une autre paire de manches ! Car, un oubli fatal s’est glissé dans cette organisation a priori impeccable : elle laisse la porte ouverte à cette tentation qu’est l’appât du gain. Elle s’ouvre grand aux chauffeurs de ces véhicules homologués à en juger d’après leurs tarifs qui varient en général du simple au double par rapport aux taxis « normaux », ceux qui sont réservés à tout le monde. Pour arriver à une telle variation nos conducteurs ou, du moins bon nombre d’entre eux, n’hésitent pas à emprunter le chemin des écoliers, à favoriser les détours, à caresser les zigzags. Sans se soucier que ces voies sinueuses rallongent aussi le temps d’attente de ces êtres fragilisés, rongés par un mal. Victimes innocentes, on les imagine au pied de leurs demeures, exposés à la pluie, aux vents ou encore sous un soleil accablant en train de guetter avec impatience et lassitude l’apparition du véhicule mirifique. Au retour, c’est aussi l’attente, certes à l’abri mais dans l’inconfort coutumier aux halls d’entrés dans les hôpitaux. Résignés et obéissants, ces malades, bénéficiaires d’un voiturage gratuit, commencent par faire la queue debout au guichet du personnel s’appropriant la charge d’appeler pour eux un taxi. Intermise à titre de bienveillance, dégagerait-elle un parfum de connivence entre des appelants et des appelés ? Car rien n’interdisait à ces patients de décrocher leur téléphone mobile pour contacter directement les mêmes services … en position assise. Pour avoir le cœur net j’ai soumis à l’épreuve mes soupçons. Le résultat est, pour ainsi dire, d’une précision mathématique : le coût d’un taxi conventionné, commandé par téléphone au dernier moment s’élève à environ 30€ pour un trajet entre la station Gentilly du RER B et la rue d’Ulm dans le Ve arrondissement de Paris, effectué aux jours et aux heures ouvrables (tarif A). Pour le même trajet, effectué dans les conditions identiques, le prix d’un taxi « normal » s’élève à environ 15 € ! Cet exemple qui porte sur une petite distance permet néanmoins d’imaginer les bénéfices réalisés sur les parcours plus longs. Pour aller encore plus loin dans mon enquête j’ai payé un taxi conventionné afin de garder la fiche destinée au remboursement par la Sécurité Sociale. Témoignage éloquent s’il en est : « montant » (pour le trajet cité) 29€60 ; « lieu départ » illisible ; « heure de départ » aucune indication ; heure d’arrivée 14h/5. Les services concernés de la Sécurité Sociales ferment-elles les yeux sur ces flous bien calculés ? Voici qui invite à la réflexion sinon à la vigilance …

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