dimanche 7 mars 2010

Jusqu’où ira-t-on pour masquer l’ignorance de nos journalistes?

Fidèle à mes habitudes, j’ai commencé la journée en écoutant le kiosque dominical d’Ivan LEVAÏ sur FRANCE INTER. Après un long et vibrant hommage à Roger Gicquel, notre Ivan national passa aux sujets plus anodins. Journée de la femme oblige, il commenta l’article au titre aguichant « La tyrannie de l’épilation » paru dans Le Monde du 7 mars sous la plume de Sylvie Kerviel et de Macha Séry. Son propos, toujours aussi vif, se termina sur une chute mezza voce : Nana est un roman de Zola et pas de Balzac, rappelait-il aux deux journalistes. !
Amusée mais guère surprise par ce nouvel exemple d’inculture de nos journalistes, j’ai regardé ce soir l’article en question sur le site du journal Le Monde. J’y trouve la phrase incriminée par notre chroniqueur du week-end : "Lorsque Nana levait les bras, on apercevait, aux feux de la rampe, les poils d'or de ses aisselles", écrivait Zola.
Pas possible, me disais-je déroutée ! Ai-je rêvé ou bien Ivan Levaï se serait-il trompé de lunettes ? Pour répondre à ce dilemme, je cherche la chronique sur le site de France Inter. Nouvelle surprise !
Pas de vidéo, mais il y a le texte. Je relis l’hommage à Roger Gicquel, je regarde la suite, je cherche vainement le commentaire sur l’épilation, la confusion entre Balzac et Zola qu’elle engendre…
Voici qui commence à m’inquiéter ! Toutes ces drogues que je prends en ce moment pour combattre un méchant virus auraient-elles jeté un voile sur ma lucidité ?
Fort heureusement cette inquiétude éveilla mon instinct de chercheur lequel m’incita d’aller aux sources. J’appelle aussitôt un ami, lecteur fidèle du Monde qui dissipa mon trouble en m’envoyant la version originale de l’article où l’on lit en effet : " Lorsque Nana levait les bras, on apercevait, aux feux de la rampe, les poils d'or de ses aisselles ", écrivait Balzac.
Si l’énigme est résolue, les interrogations continuent à tarauder mon esprit : tous les moyens seraient-ils bons pour dissimuler les lacunes de nos journalistes et préserver en même temps le prestige d’un journal ?