Les
premiers beaux jours qui mettent un terme à la période hivernale nous
éveillent, nous réveillent, nous remplissent de joie, nous dopent d’énergies.
Face à la nature qui se vêt de fleurs, qui émane les senteurs on se surprend en train de fredonner
« le temps des cerises », cette vieille chanson à qui Yves Montant
donna un éclat nouveau.
Bref,
chaque printemps est accompagné de son temps des cerises…
Outre
les cerises annuelles, le village de Veules les Roses connaît aussi le temps
des brioches. Un retour régulier mais plus espacé qui survient tous les six ans
et précède de peu celui des cerises… Retour délicat que le bon peuple de Veules
doit à la générosité ponctuelle de
l’épouse de son maire lequel se présente, représente, re-représente à sa
succession.
C’est
en gratifiant chaque électeur
d’une bonne brioche que la dévouée épouse inaugure la campagne
municipale. Rien de surprenant après tout, n’est on pas au cœur du pays des
brioches ? Toutefois, cette offrande peut connaître des variations :
mue par le désir d’assurer la continuité d’un statu quo, l’épouse du maire pousse le raffinement jusqu’à
personnaliser ses gestes ! C’est ainsi qu’une veulaise âgée qui a pour
unique compagnon un quadrupède félin fut comblée en recevant une petite laisse
lors des dernières municipales.
Voici
une solidarité conjugale qui force l’admiration ! Elle génère un soutien
inconditionnel qui va jusqu’à voiler la perception des évidences. Jusqu’à
oublier que tout pouvoir qui perdure isole, vous coupe des réalités ambiantes,
vous fait perdre la commune mesure. Vous corrompt lentement mais sûrement, vous
fait franchir les lignes du permis.
Sans
surprise l’arbitraire s’est installé à Veules, il s’y est même enraciné au fil
des ans. La vie du village est
soumise aux volontés, voire aux velléités, du prince, jaugée au niveau de ses
critères, de ses intérêts ou de ses manques d’intérêts, de ses amitiés ou de
ses inimitiés. Régie par ses engagements ou par ses négligences. C’est ainsi
que des aménagements coûteux mais à l’avis de beaucoup d’un goût douteux du
front de mer furent entrepris sans consulter les administrés. Voici qui n’a pas
dû améliorer la déjà inquiétante évaluation des finances de la commune
présentée sur le site contribuable.org où le maire de Veules est traité à la manière d’un
« cancre » avec la note de 0/20 !
Quid de la constructibilité ou de la non constructibilité
d’un terrain à Veules ? Elle sera déclarée non pas en fonction de sa
configuration mais en fonction de son propriétaire ! Est-il nécessaire de
recourir à la boule de cristal pour savoir comment sera classé le terrain
appartenant Monsieur le Maire ?
Si
dans cet état de choses aléatoire les favoris, voire des courtisans, n’ont rien
à craindre, gare à ceux qui ne sont pas notés dans de bonnes tablettes !
Ou, plus simplement, qui ne présentent aucun intérêt. Des dangers les guettent…
C’est ainsi qu’une administrée innocente fut livrée à la procédure pénale pour
avoir remplacé un petit abri de jardin, fort décrépi, par un neuf. Chaussant
des lunettes grossissantes, s’appuyant sur son statut d’élu et donc
d’assermenté, le maire évalua la
surface du cabanon à 12m2 qui de ce fait tombait sous le coup d’un
permis de construire !
Il
y a aussi des lunettes opaques ! Elles masquent des trous qui tapissent
les trottoirs au cœur du village. Creusés pour des travaux voici déjà un an ils
y sont toujours et se transforment à l’occasion en poubelles ou en
recoins à déjections canines… sans heurter le regard de notre édile. Quel
paillasson original que cette trouée qui s’étale devant ma porte !
Opacité
encore plus grave : pendant plusieurs années le cœur du village fut envahi
par une multitude de pigeons qui perturbaient la vie des riverains,
exacerbaient des restaurateurs alors que leurs fientes arrosaient les assiettes
des clients… Pire, grâce à un bon goût incontestable, ces volatiles avaient
choisi le joyau du village comme perchoir de prédilection ! Ainsi
rongeaient-ils les vieilles pierres de l’église en se nichant dans ses recoins
non sans l’encadrer d’un tapis de fientes. A l’origine de cette situation aux
nuisances multiples qui échappait à notre édile, une dame âgée à l’esprit
quelque peu dérangé : en mère nourricière zélée, elle balançait depuis sa
fenêtre du blé à profusion. En toute impunité ! Les protestations des uns
et des autres furent sans effet… Seule, une « bataille rangée »
arriva à mettre en branle l’autorité municipale. Pourvu ou dépourvu de glaive
mais prenant en tout cas son courage à deux mains, le maire s’aventura enfin à
raisonner « la mère des
pigeons » !
Les
candidats pour les prochaines municipales fleurissent, surgissent de partout,
nous informent les media. Il y a fort à parier que cette profusion de
candidatures n’atteindra pas Veules les Roses. Bien au contraire ! Car,
dans ainsi proclamé sixième plus beau village de France un culte - fut-il
inculte - de personnalité a pris racine au fil des ans. C’est en conséquence
sans surprise qu’il risque de renouer avec les pratiques électorales des pays
de l’Est d’après guerre qualifiées de « courses avec un seul
cheval ».