Des structures rudimentaires se présentent désormais à ceux qui accèdent à Veules-les-Roses depuis l’Est par la Départementale 925, à l’endroit même où elle amorce une descente. Qu’ils circulent à pied, à cheval, à dos d’âne, en fiacre, en voiture, en tracteur, en camion, qu’ils soient des visiteurs curieux ou des passagers pressés, ils les découvriront à condition de détourner leur regard du chemin suivi, pour ne pas dire du droit chemin, et le promener au ras du sol, plus exactement au ras du trottoir qui borde la route à leur droite. Découverte furtive s’il en est et non sans risque : sur cette route où la circulation est soutenue, où il est difficile de s’arrêter, même de ralentir l ‘œil égaré d’un conducteur est un danger en puissance. Une source de quiproquos aussi. Imaginons: par exemple le chauffeur d’un car de touristes balayer du regard ces schémas en partie masqués par les plantes et les prendre pour des vestiges remis à neuf de l’art primitif dus à nos ancêtres les plus éloignés. Ému par de tels spécimens, il arrête inopinément son mastodonte de véhicule pour offrir une chance à ses passagers d’apprécier ces précieux témoignages. Qu’importe l’impatience, les klaxonnes de ceux qui suivent, ils seront récompensés à leur tour.
Seuls les amateurs de la marche, espèce plutôt rare à cet endroit, auront le loisir de s’attarder à leur guise et sans danger face à ces créations aux présomptions artistiques et à vocation décorative et évocatrice. Eux seuls pourront prendre le temps pour essayer d ‘appréhender leur raison d’être, se prendre la tête à dénicher leur valeur symbolique pour le village. Des chevalets suivis d’une série de cadres disposés en désordre visent à évoquer les activités picturales, Activités bien représentées en Normandie, berceau d’impressionnisme, sans exclure Veules les Rosess. Des galets taillés grossièrement au point de heurter l’œil figurent des amas d’huîtres et de coquilles Saint Jacques, fruits de mer prisés tout au long de la côte normande. Un assemblage maladroit de lattes de bois dessine la proue d’un bateau. Quoi de plus banal qu’un bateau en bord de mer ! Nos touristes devront-ils se munir d’une boule en cristal pour deviner que cette « décoration » en forme de proue fait référence à un bateau qui s’est échoué sur la côte veulaise en 1940 ?
Et ceux qui empruntent la départementale 925 d’Ouest en Est ? Ces fruits « d’imagination » de Jean-Claude Claire n’étant pas bifaces, ils les découvriront de dos. Et si toutefois ils les découvrent ne risquent-ils pas de les prendre pour des dépôts accidentels en attente du ramassage d’ordures ?
Visiblement satisfait de ces premières réalisations, le Maire de Veules les Rosess compte poursuivre sur cette voie aux ambitions artistiques. « D’autres créations pourraient être mises en place … pour le moment nous réfléchissons à ces décorations » , déclare-t-il (Courrier Cauchois 27 mai 2011).
Pourvu que cette réflexion se prolonge à l’infini, dans l’intérêt de Veules et de ses visiteurs !
mercredi 29 juin 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire