jeudi 27 janvier 2011

Christian ESTROSI : délinquants et délinquants

Quel panache l’autre soir chez Frédéric Taddei ! Plus que jamais qu’à « Ce soir ou jamais » notre « motodidacte » national fut majestueux dans son rôle de preux chevalier, de noble protecteur des mamies agressées par des jeunes délinquants. Des petits malfrats qui vont jusqu’à vous estropier pour vous arracher quelques sous. Ces incidents fâcheux qui se multiplient, sur la Côte d’Azur peut-être plus qu’ailleurs, doivent être sanctionnés plus sévèrement, clame le Maire de Nice. Sans se pencher sur le mal-être grandissant qui gangrène nos jeunes et génère leurs excès, vols et violences, etc., etc, il veut punir leur accomplissement. Propose d’abaisser la majorité pénale à 16, refuse « que l’on continue la pratique de la culture de l’excuse ».
« Culture de l’excuse » nous y voilà. Cette pratique comme le zèle de punir seraient-ils à géométrie variable dans l’esprit de M. Estrosi ? Justicier vigoureux de ces proies faciles que sont les jeunes délinquants, il semble perdre de sa verve face à leurs aînés. Cette verve, dirait-on, s’évapore complètement face à ceux que l’on pourrait qualifier de « délinquants respectables ». Ces citoyens qui ont atteint des hautes positions et se considèrent hors d’atteinte. Des écarts ou des libertés qu’ils se permettent passent au-dessus des lois comme au-dessus des têtes de nobles défenseurs d’une justice rigoureuse.
Aura-t’on le bonheur d’entendre un jour M. Estrosi dénoncer d’une voix tout aussi vibrante ces dossiers qui ramassent la poussière dans quelques recoins des Palais de justice du Midi ? Lorsqu’ils traitent des finances les sommes d’argent, voire même de péculat, sont loin de trouver la commune mesure avec des larcins de nos délinquants mineurs !
« Ces gens son attaqués dans leur chair » plaide le député des Alpes-maritimes sur ce ton émouvant qui fait pleurer dans les chaumières. Certes, il n’a pas tort ! Agressés pour être volés, voici qui ne mérite aucune indulgence. Mais on aimerait que M. Estrosi s ‘apitoie tout autant sur l’agression dont a été victime un précieux patrimoine dans son département. Des vestiges d’un passé lointain, témoins de nos racines spirituelles, perdus à jamais suite à des actes de vandalisme. Voici qui ne semble pas l’émouvoir ! À l’expertise organisée par le Parquet de Nice, qui a clairement établi une première vague de dégradations M. Estrosi fait la sourde oreille ! Comme d’ailleurs son adjoint à la Culture.
Qu’à cela ne tienne ! Les auteurs de ces actes néfastes se sentant à l’abri ont recommencé. Et pour cause ! Le constat détaillé de cette seconde vague de dégradations, établi par un gendarme archéologue, est resté sans suite. Mais si, mais si, il y en avait une : la mutation du gendarme, auteur de ce compromettant rapport qui depuis des années reste « en suspend ». En attendant d’être suspendu pour de bon il a rejoint les « paperasses » similaires et ramasse la poussière au Palais de justice de la ville administrée par M. Estrosi.

Certes, il a des excuses, notre « motodidacte ». Les motos et la culture sont deux univers si éloignés. Toutefois, les hautes fonctions qu’il exerce depuis des lustres n’auraient elles pas réussi à lui faire prendre la mesure de la valeur de notre patrimoine ?

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