lundi 2 janvier 2012

Pérégrinations d'Emilia Masson à travers les cimes et les abîmes du Mont Bego

DOCUMENTAIRE :
Réalisé par Gilbert Bianchi, ce film (60 minutes), présente la synthèse des recherches d’Emilia Masson et permet de suivre leur évolution pas à pas. Les découvertes qui en découlent éclairent d’un jour nouveau le site protohistorique du Mont Bego dont l’organisation obéit à un concept rigoureux où les gravures ne sont que l’une des composantes. Des aménagements insoupçonnés comme des vestiges archéologiques insolites sont parfaitement mis en évidence grâce au talent de Gilbert Bianchi.
Le film met également en valeur les attraits du travail sur le terrain dans cette région.

Au détour de ce documentaire le spectateur découvrira des entraves auxquelles se heurte une recherche qui, en aboutissant à des résultats importants sans bénéficier de subvention aucune, est devenue « politiquement incorrecte » : elle invite à la comparaison avec les recherches officielles menées depuis des décennies sur ce site non sans croquer à belles dents l’argent du contribuable. Est-ce pour cette raison que les autorités de la région s’obstinent à l’ignorer sinon en déployant leurs efforts pour l’étouffer ?

La première projection publique a eu lieu à Tende le samedi, 5 juillet 2010. La seconde aura lieu à La Brigue le samedi, 2 août à 21 heures puis en décembre à Menton ou encore à l'étranger
Le DVD du documentaire est actuellement disponible. Les commandes sont à adresser à l’association A la recherche de notre passé, 7, rue Victor Hugo 76980 Veules les Roses , avec un chèque de 15 €.

http://www.youtube.com/watch?v=mBWe4a4N1

dimanche 1 janvier 2012

FREDERIC MITTERRAND : SABOTE-T-IL NOTRE PATRIMOINE?

Sensibilité et érudition sont les deux mamelles de l’actuel ministre de la culture. Les deux sont mises en valeur par son mode d’expression, c’est encore une belle corde à son arc. Qu’il s’exprime oralement où par écrit, qu’il énonce des propos spontanés ou des déclarations sur commande c’est toujours avec le même brio. Et, si le besoin se fait sentir, des notes de sincérité et d’émotion viennent émailler ses beaux discours qui vous atteignent au plus profond de vous-même, qui font pleurer dans les chaumières. L’éloge funèbre de Babu qu’il a prononcé quelque peu hâtivement à la station Crimée, ce « héros du métro » qui « représente ce qu’il y a de plus beau dans la culture indienne, le partage, l’attention aux autres » en est la dernière illustration.
A l’occasion des journées du patrimoine, notre Fred national a rendu un éloge vibrant aux trésors anciens, fait part de son attachement profond à toutes ces antiquités de notre pays. Loin d’être née de la dernière pluie je suis tombée dans le panneau ! Sa voix émue et émouvante, quelle source d’encouragement ! Tel un preux chevalier ce cher ministre brandira son glaive pour protéger notre patrimoine, engagera un combat sans merci contre les actes de vandalisme dont il est victime, me disais-je avec conviction alors que ses douces paroles résonnaient dans mes oreilles. Jolie preuve qu’elles font de l’effet ! Mais que reste-t-il derrière ? Rien ou peu de choses…
Pourquoi un tel jugement dont je ne suis pas sans mesurer la gravité ? En voici les raisons, souvent invraisemblables mais véridiques, croyez le moi. Ce sera alors à votre tour de m’approuver ou de me désapprouver…
En cause, un joyau de notre patrimoine, le site protohistorique du mont Bego dans Alpes Maritimes où s’est installée une situation absurde qui me désespère comme d’ailleurs tant d’autres. Depuis des décennies, ce site est victime d’un mandarin qui l’a solidement associé à ses champs gardés et grâce à lui croque à belles dents l’argent du contribuable. Quant aux fouilles, il les dirige de loin, de très loin (voir à ce titre la note sur ce blog du 24 août 2011, « Chute mortelle d’une archéologue-stagiaire… »). Qu’importe la vraie dimension de ce trésor qui recèle nos racines ! Ce qui a échappé à l’œil du mandarin ou, plutôt, aux regards de son équipe en général dépourvue et du guide et d’expérience doit demeurer inexistant. Pour y arriver, notre homme qui n’hésite pas à déclarer publiquement qu’il peut tout se permettre car étant « au-dessus des lois » (note sur ce blog du 8 novembre 2007, « Quand la justice… »), déploie son influence auprès des instances archéologiques du Ministère de la Culture, des personnages importants ou encore des éditeurs (note sur ce blog du 2 décembre 2011 « Archéologia/Editions Faton… ») pour réduire à néant des découvertes remarquables réalisées dans la Vallée des Merveilles. Il n’hésite pas à s’attaquer à des experts qui ont poussé l’audace ou le toupet jusqu’à certifier l’authenticité des dites découvertes ! Est-ce dans le même but que des peintures et des gravures avaient été effacées dans la faille grotte qui devait abriter le sanctuaire central des Merveilles ? Toujours est-il que les responsables de notre patrimoine couvrent allègrement ces vandalismes qualifiés à l’étranger du « talibanisme à la française » ! Que la procédure judiciaire relative à ces dégâts est gardée sous le coude !
En février 2009 j’ai tenté le tout pour le tout en envoyant au Président de la République un dossier dûment constitué, témoignage, me sembla-t-il, inébranlable de ces abus et anomalies qui pénalisaient aussi bien le site que des chercheurs zélés et courageux. La réaction fut rapide est paraissait constructive : le Chef de Cabinet du Président m’annonçait que « connaissances prises de mes préoccupations » le dossier a été transmis au Ministre de la Culture.
Le grand Fred, aussitôt nommé, j’attirai son attention sur mon dossier. Réponse quasi immédiate le 5 février 2010 de son Chef de Cabinet : le ministre « a pris connaissance avec attention de ma correspondance », le dossier est soumis à « l’examen attentif de M. Philippe Bélaval, directeur général des patrimoines qui ne manquera pas de me tenir informée de la suite réservée à ma requête ».
Quelle en fut la suite ? Essayez de deviner ! D’emblée je dis bravo à ceux qui s’exclameront en soupirant qu’il n’y en avait… La lettre de « relance » que j’ai adressée à notre gentil Fredo le 11 janvier 2011 attend toujours la réponse. Après les promesses, le voici noyé dans le silence, dans l’impolitesse.
Quelle illustration de son dévouement affiché à notre patrimoine.
Sans me décourager, le 16 juillet 2011, j’ai porté à la connaissance du Défenseur des Droits ces faits qui me paraissent représentatifs d’une république bananière. Réponse le 11 septembre dernier : une lueur d’espoir ? « Sensibles à mes préoccupations » ils ont attiré l’attention des services concernés du Ministère de la Culture, « ne manqueront pas de me tenir informée des suites… ». Aucune information jusqu’à ce jour .
Au sein de toutes ces promesses une sera en tout cas tenue : la mienne. De cette affaire rocambolesque je ne manquerai pas de vous tenir informés.

vendredi 2 décembre 2011

ARCHÉOLOGA /EDITIONS FATON : POLITESSE SUR LE DECLIN

On le constate, on s’en désole ! La politesse, les bonnes manières à la française, honneur de notre pays, sont en voie de disparition. Disparaissent au profit de celles, cavalières, se font gangrener par la goujaterie.
Les rédactions d’Archélogia et des Dossiers d’Archéologie (Editions Faton) viennent de m’offrir un exemple éclatant de ce triste état de choses. En tant que collaboratrice de longue date de ces deux revues, en tant que l’un des best-scellers de la maison Faton avec notamment l’étude sur la Vallée des Merveilles, j’ai proposé aux rédacteurs le 20 octobre dernier trois sujets nouveaux et me semble-t-il, fort intéressants : un petit rouleau gravé du VIIe millénaire avant J.-Ch. (Serbie centrale), un observatoire protohistorique (Balkans) et, last but not least, une kyrielle de découvertes réalisées ces derniers temps dans la Vallée des Merveilles. De jolies illustrations accompagnaient mes commentaires succincts.
Voici trois sujets qui, me semble-t-il, susciteraient même la curiosité des derniers des béotiens ; des cadeaux inespérés pour un éditeur spécialisé et averti … Venant surtout d’un auteur qui a fait ses preuves et attiré bien des lecteurs.
Quelle fut la réaction d’Archéologia et des Dossiers d’Archéologie ? Tout simplement aucune ! Prise de doute, j’ai envoyé à nouveau mes informations. Nouveau silence… Intriguée, plus amusée que déçue, j’ai insisté, j’ai fit appel à l’amabilité, à la politesse, au respect qu’on doit normalement à ses collaborateurs. Sans succès ! Silence à nouveau ! Manque d’égard le plus élémentaire.
Des deux maux, les responsables des deux revues auraient-ils choisi le moindre ? Se draper dans l’impolitesse plutôt que de se couvrir de ridicule en refusant de publier sous un prétexte ou un autre des nouveautés d’une importance non négligeable? Un ridicule qui fait plus pleurer que rire, comme toujours quand la perte de liberté est en cause…

lundi 17 octobre 2011

TÉLÉRAMA – Henry de LUMLEY : une même censure ?

Les billets publiés sur mon blog sont aussitôt répercutés par les soins de GOOGLE sous le nom de l’institution ou de la personne qui y sont visées. Ma dernière note consacrée à Télérama et sa « liberté de presse » a été branchée au bout de 50 minutes sur Télérama. Or, 24 heures plus tard une main invisible a balayé le renvoi à ma note. Une même main invisible semble-t-elle œuvrer pour Henry de Lumley ? Mon billet sur la chute mortelle de l’une de ses stagiaires dans la vallée des Merveilles, répercuté sous le nom de l’intéressé a disparu, lui aussi. Certes pas avec la même rapidité, question délai Télérama battrait le record. Absolu peut être ?
Voici qui offre un nouvel exemple de cette liberté tant louée par la République et qui commencerait à gangrener l’Internet aussi !

mercredi 12 octobre 2011

TÉLÉRAMA : « LIBERTÉ DE LA PRESSE PRIVÉE »

La politique, ce n’est pas ma tasse de thé ! Ni la politique ni tout ce qui l’entoure. Mais, je ne lui tourne pas le dos. Bien au contraire ! J’observe de loin pour essayer de comprendre, de pénétrer dans les méandres, combien sinueux, des manœuvres, des magouilles, des bluffs, de vrais faux-semblants qui lui sont inhérents. Sans succès sinon en subodorant un univers de combinards malpropres prêts à franchir les limites de l’immoral.
Des banalités, me diriez-vous, tout autant que cette devise dont on nous intoxique à longueur des journées, à longueur des mois, à longueur des années : « la démocratie française ». Vous l’avez deviné. Ne serait-il pas plus approprié de la définir comme « démocratie à la française » ?
La manipulation de la presse est l’un des lots avérés de cette démocratie bien de chez nous. On en a la certitude même s’il n’est pas toujours aisé de deviner comment se trament ses vérités arrangées ou encore comment se forgent ses chapes de plomb. Une certitude se dégage
néanmoins : en jetant le voile sur des anomalies de la société, les media français font défaut à leur rôle essentiel, celui qui consiste à exercer sa catharsis.

On s’imagine que, seuls, les intérêts de haute importance ou des personnalités en vue sont concernés par de telles manipulations médiatiques. Et bien non ! Elles touchent aussi des domaines anodins qui relèvent de la recherche plus ou moins scientifique ou encore des savants ou présumés tels. Récemment, le site protohistorique du Mont Bego, plus exactement le haut lieu qui se niche le long de son flanc, nommé bien à propos Vallée des Merveilles, m’a fourni l’occasion d’assister in vivo à ce processus du « musellement » de la presse. Expérience cocasse, s’il en est, qui mérite d’être partagée…
Le 20 juin dernier, j’ai été contactée par Sophie Cachon, jeune journaliste à Télérama, qui préparait « un numéro spécial PACA dont le sujet principal est la vallée des Merveilles ». Elle revenait tout juste du site où, à défaut de le visiter plus à fond, elle a recueilli des témoignages qu’elle devait entendre et surtout ceux qu’elle n’aurait pas dû entendre. Parmi ces derniers, les paradoxes inhérents aux recherches sur ce site et l’existence de mes travaux comme de mes déboires.
Au cours de notre long entretien la journaliste, pleine de cette verve que suscite la curiosité, chercha à compléter son information au sujet du site comme au sujet des situations peu communes qui s’y produisaient. Je fis de mon mieux pour essayer de lui faire entrevoir la complexité extraordinaire de ce joyau de notre patrimoine comme des fureurs qui s’y déchaînent et qui vont jusqu’à vandaliser ses vestiges anciens. Pour parfaire sa documentation Sophie Cachon emprunta mes publications et le film qui retrace mes longues investigations non sans promettre de les restituer dès la parution de l’article.
Dans un mouvement d’élan immaculé, la jeune femme déclara en guise de conclusion :
- Je mettrai en évidence et vos découvertes et vos difficultés.
Instruite par l’expérience, je tempérai son zèle en lui rappelant les entraves de notre presse.
- Aucun problème, la presse privée est plus libre, rétorqua notre journaliste avec conviction. Loin de se douter qu’elle ne tarderait pas à subir un « baptême de l’obéissance » inspiré par la soumission de la presse tout court…
L’article annoncé est paru dans Télérama du 13 juillet avec le titre « LES GRAFFS DU DIABLE, TELERAMA »
Sa teneur, à l’opposé de ce que Sophie Cachon envisageait d’écrire, fut décevante mais pas surprenante pour les initiés. Aucune considération originale sur le caractère insolite de cette cathédrale à ciel ouvert, aucune observation relevée sur son cadre non moins insolite. Notre journaliste se contente de reprendre des généralités maintes fois dites et redites. Se garde bien de mettre en évidence ce qui semble l’avoir impressionnée : cet imposant visage humain qui se détache sur un rocher pyramidal comme pour rayonner dans toute la vallée et qui désormais nargue aussi tous ces familiers du site qui passaient devant lui sans l’avoir remarqué. Et pour cause ! Transformant mon existence en inexistence, Sophie Cachon se devait de passer sous silence tout ce qui relevait de mes découvertes. Qu’importe la mise en valeur de notre patrimoine ! Quant à la rédaction de son article qui privilégie une série d’informations pratiques elle se rapproche à plus d’un titre de celles des guides du routard. Et les dépasse même : la description des randonneurs qui s’enveloppent dans leurs capes alors que la pluie s’abat sur les Merveilles fait figure de son point culminant jamais atteint par les auteurs des routards !
Celui qui, selon les propres dires de Sophie Cachon, a fait l’objet des critiques et des moqueries est transformé en héros, en « ponte » de la préhistoire française. Bref, à la suite de ses autres collègues, elle contribue à bâtir son culte. Voici qui nous fait comprendre à quel point notre jeune journaliste qui croyait à la liberté de la presse privée se trouva recadrée dans les plates-bandes de l’obéissance ! Et fermement ! Car en allant jusqu’à déclarer que M. de Lumley « continue de se rendre chaque été dans les alpages, où il supervise les équipes d'étudiants qui effectuent des relevés sous sa direction depuis… » elle livre à son lecteur, je le crains sciemment, une information qui est loin de correspondre à la réalité (cf. article sur ce blog en date du 24 août 2011).
Sophie Cachon « oublia » de m’envoyer son article, « oublia » aussi de me rendre les documents empruntés. Rien d’étonnant ! Au bout d’un certain temps, je fis appel à Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama, non sans lui faire part de quelques impressions sur l’article visé. Sa réponse fut brève mais édifiante :
« Dès son retour de vacances, je demande à Sophie Cachon (à laquelle je fais par ailleurs toute confiance pour la rédaction de son article, quand bien même vous aurait-il déplu) de vous restituer t vos documents ».
le cautionnement de sa supérieure laisse-t-il deviner que les « instructions » relatives à l’article de Sophie Cachon auraient bel et bien suivi la voie hiérarchique ? Processus coutumier auquel la presse privée ne semble pas échapper.

mercredi 24 août 2011

HENRY DE LUMLEY : CHUTE MORTELLE D’UNE ARCHÉOLOGUE-STAGIAIRE DANS LA VALLÉE DES MERVEILLES, « FATALITÉ » PREVISIBLE – IGNOMINIE SANS LIMITES ?



Dans mon livre Vallée des Merveilles, cimes et abîmes d’une recherche paru en 2002 on pourra lire un chapitre bref (pp. 46-48) « Des ‘archéos’ pas comme les autres ». J’y faisais part de mon étonnement face au désordre et activités à tout va de la jeune équipe dirigée officiellement par Henry de Lumley. Observations qui datent de ma première visite sur le site, soit en 1991. J’y écrivais notamment :
« Tout en poursuivant mes examens, j’observais du coin de l’œil les activités de l’équipe, dite des « archéos », dont la tâche consistait à repérer et à relever les gravures.… Ni dirigés, ni coordonnés ces jeunes gens tourbillonnaient au gré, me semblait-il, de l’inspiration du moment. Face à cette situation peu conforme aux règles de l’art, je m’ouvrais de ma surprise à Odile (Odile Romain à présent l’une des principales collaboratrices de M. de Lumley).
— C’est ainsi, répondit-elle, M. de Lumley ne dirige jamais nos campagnes.
— A-t-il établi au moins un programme du repérage et des relevés ?
— Non plus ! reprit-elle de plus en plus laconique.
— Mais comment procède-t-il ? La responsabilité, étant donné l’importance de ce site protohistorique ?
— Il délègue car il est trop occupé. Actuellement il fait un voyage officiel en Asie du sud est avec toute sa famille.
— Ah bon ! Mais il délègue comment ?
— En tant que responsable du Laboratoire du Lazaret, c’est Annie Échassoux qui est chargée de superviser les travaux de l’équipe, expliqua Odile. Mais comme elle est peu attirée par le site elle délègue à son tour…

[Voici qui  m’évoquait le principe du dicton serbe : J’ordonne au chien, le chien ordonne à la queue, la queue au poil et le poil se mit à pleurer.]

« Au terme de cette conversation je crus comprendre que ce sanctuaire à ciel ouvert était devenu pour Henry de Lumley un salon à ciel ouvert. Un lieu propice au plan de carrière, endroit décalé où il recevait des collègues éminents, des notables régionaux et nationaux et, bien sûr, des journalistes. Un peu plus tard je devais comprendre que les agapes offertes en août 1991 à Paul Germain, alors secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, demeuraient gravées dans les mémoires. Les libations de champagne, étaient-elles versées au pied du Bego, pour ouvrir à Henry de Lumley l’accès à l’immortalité »

A ces observations l’intéressé ne manifesta aucune réaction, aucune protestation. Comme dirait le bon peuple, qui ne dit rien consent…

À la lumière de l’accident tragique qui vient de coûter la vie à une stagiaire de 19 ans appartenant à l’équipe des « archéos » ces propos revêtent comme un caractère prophétique. Car les circonstances évoquées dans mon livre laissent penser que loin d’être une « fatalité », ce drame était en quelque sorte prévisible. Plus même, on doit à un coup de chance que d’autres ne l’aient pas précédé.

Que c’est-il passé en cette journée funeste du lundi,18 juillet dernier ? Arrivée par hasard à Tende le jour suivant – hasard qui vient s’ajouter à tous ces autres qui jalonnent depuis le début mes aventures et mésaventures au Mont Bego – et qui ne se produisent, comme je l’ai déjà constaté (Cimes et abîmes, p. 13-4) jamais sans raison. Jamais au hasard pour ainsi dire. Cette fois-ci, le hasard a-t-il cherché à faire de moi un témoin véridique de ce drame sur lequel on s’est empressé à jeter le voile ? Il m’évoqua d’emblée le courroux des divinités grecques face à l’hybris des mortels… Un drame si dramatique qu’il a fait sauter aussi le couvercle bien verrouillé de la boîte de Pandore… Celle du Mont Bego.

Voyons le film des événements :

Fidèle à lui-même, notre cher Henry est monté aux Merveilles ce lundi matin, avec une escorte de notables dont un ministre. Trois véhicules 4x4 furent affrétés pour l’occasion. Respectant les traditions désormais ancrées, des agapes furent servies auprès de l’imposante roche dite de l’Autel. Les jeunes stagiaires bénévoles, chargés à effectuer dans cette zone des relevés ou, plus exactement, à vérifier ou revérifier pour la énième fois, ceux effectués au cours des dernières décennies entouraient de près ou de loin la respectable compagnie. Aussitôt après le repas, notre ponte s’empressa à quitter les Merveilles. Normal ! À Tautavel, de grandes « festivités » commençaient dès mardi : une commémoration somptueuse du 40e anniversaire de la découverte du fameux crâne qui devait se prolonger pendant plusieurs jours ! Une sorte d’apothéose pour notre découvreur ou présumé tel qui aura coûté, une fois de plus cher au contribuable . Faut-il croire que, seule, la presse attribue au grand Henry le mérite de diriger et de « superviser » directement les activités de son équipe ? Ainsi en dernier la journaliste Sophie Cachon, (Télérama du 13 juillet 2011) qui, loin d’ignorer la réalité ambiante aux Merveilles, n’hésite pas à affirmer en son âme et inconscience : « A 77 ans, l’ex-grand patron du Muséum… continue à se rendre chaque été dans les alpages, où il supervise les équipes d’étudiants qui effectuent les relevés sous sa direction depuis … 1976. »
Un hélicoptère de secouristes survola le crâne, non pas celui de Tautavel, mais celui du patron de la fouille alors qu’il s’apprêtait à monter dans le 4x4. Voyant l’hélicoptère se diriger vers la zone où son équipe était à l’œuvre il chercha à savoir ce qui s’est passé et si la victime éventuelle n’appartenait pas à son équipe. Inquiétude justifiée mais qui ne tempéra pas sa hâte de quitter le site ! Un accident possible chez ses « archéos », le futur fêtard n’en avait pas cure ! Était-il préoccupé de regagner au plus vite Tautavel et le beau monde convié à ces festivités au point de ne pas patienter, de quitter le site sans savoir ce qui se produisait près de la roche de l’Autel ?
Hâte inadmissible, mais hâte vaine. Car, directeur officiel de cette équipe et de ce fait son responsable légal, Henry de Lumley fut retenu par la gendarmerie de Tende : la malheureuse victime faisait en effet partie de ses archéologues en herbe.
Que c’est-il passé au juste ? La stagiaire de 19 était pourtant rompue aux escalades de montagnes. Pour quelle raison trébucha-t-elle dans la vire d’une roche semi inclinée, haute d’environ 8 mètres, et tomba la tête en avant ? Conséquence fatale : son crâne fut fracassé. Fracassé aussi le couvercle de la boîte de Pandore…Celle qui renfermait depuis des décennies tous les manquements aux règlements qui s’imposent pour un chantier de fouilles et en particulier du plan de prévention de sécurité et des risques (PPSR).
Ses compagnons d’infortune se mirent aussitôt à crier, à appeler au secours. Certains randonneurs attribuèrent leurs cris à un festin de jeunes. Pas surprenant ! Comment imaginer que nos archéos, dépourvus d’appareil permettant les appels d’urgence, pourtant imposé par le règlement sur des sites comme celui des Merveilles, se sont vus obligés de recourir aux procédés de leurs ancêtres préhistoriques ? Perte de temps dans une circonstance où chaque minute compte. Un garde du Parc, se trouvant fort heureusement à une distance d’environ 500 mètres s’est dépêché en direction des cris. Distance infime en soi, mais qui prend de la longueur sur un terrain accidenté et retarde ainsi les secours.
La configuration de l’endroit où cet accident a eu lieu exigeait, selon les règlements relatifs aux précautions de risques, d’être cordés et de porter le casque. La manière dont la chute de la jeune stagiaire s’est produite donne grandement raison à cette mesure de sécurité. Tout archéologue initié aux recherches sur des terrains accidentés reste sur une certitude : cordée et munie de casque elle aurait sans doute échappé à son terrible sort.

Il appartiendra aux gendarmes de Menton, venus immédiatement sur place pour faire les premiers constats, de déterminer les circonstances exactes de cette chute mortelle. Pour le moment leurs constats sont gardés secrets. Il est à espérer que les gendarmes en question ne connaîtront pas le même sort que leur collègue Claude Dona ! Gendarme-achéologue, ce dernier avait établi en 2001 avec conscience qui se doit et en connaissance de cause le rapport démontrant sans équivoque une nouvelle vague de vandalismes commis dans la faille-grotte de la Cime des lacs ainsi qu’un remue-ménage à son intérieur qui suggérait des fouilles illicites. Ce document important est resté lettre morte, enfoui dans un recoin du Palais de justice de Nice. Il a eu une seule conséquence immédiate : la mutation de Claude Dona.
Mutation, manière efficace pour réduire au mutisme !
Quant au rapport des gendarmes de Menton souhaitons qu’il ne prenne pas à son tour le chemin des oubliettes du Palais de justice de Nice.

Et le grand chef, qu’a-t-il fait ? Certes, cette chute qui fracassa le crâne d’une victime innocente la veille même de son « apothéose crânienne » tombait au plus mauvais moment ! Elle ne l’a quand même pas empêché de se diriger vers de Tautavel aussi rapidement que possible, d’abandonner son équipe en désarroi, au sein d’une vallée où se propageait l’ambiance pesante. Le Conseil Général chercha-t-il à combler son absence en dépêchant aux Merveilles une spécialiste en matière du soutien psychologique ?
Il y a pire ! Inimaginable même ! Notre cher Henry n’a même pas jugé opportun d’accueillir la mère de la victime, de lui exprimer directement ses condoléances, de la réconforter dans sa douleur. Bref, de l’entourer comme il se doit. Après avoir vu le corps de sa fille à Nice, la pauvre dame est montée en train à Tende pour les besoins de l’enquête. Faut-il reconnaître quand même à ce cher Henry un geste « délicat » : à la mère endeuillée il a offert (sans doute pas de sa poche) un dîner et une nuit à l’hôtel Le Prieuré à St. Dalmas de Tende !

Ce drame soulève dès à présent deux questions d’ordre administratif :
Henry de Lumley a-t-il, il signé l’engagement de respecter toutes les règles de sécurité et de l’hygiène qui s’imposent. Genre de document pour lequel toutes les DRAC se montrent, avec raison, particulièrement exigeantes.
Se sachant absent la plupart du temps, Henry de Lumley a-t-il, désigné il par écrit avant le début des travaux ceux qui doivent le remplacer dans sa charge de directeur ?
Lorsqu’on connaît les libertés que s’octroie notre grand homme, fort de ses soutiens, lorsqu’on sait qu’il n’hésite pas à déclarer urbi et orbi qu’il ne risque jamais rien car étant « au-dessus des lois » (voir à ce sujet la note sur ce blog en date du 8 novembre 2007, intitulée « Quand la justice immanente tend la main à la Justice face à Henry de Lumley ») et sans doute aussi au-dessus des règlements auxquels sont soumis tous les travaux publics, les fouilles archéologiques comprises. Lorsqu’on sait par ailleurs que les apparatchiks de nos administrations le traitent avec cette déférence que l’on réserve dans notre pays aux hommes considérés au-dessus de tout, on est amené à se demander dans quelle mesure il est en règle avec les exigences imposées aux directeurs de fouilles.
Pour ma part, en vingt ans je n’ai jamais vu un seul casque sur les têtes des « archéos » de Henry de Lumley !

Le dimanche, 24 juillet, je suis montée aux Merveilles. Le hasard, encore un, me fit croiser à l’entrée du site une dizaine de jeunes stagiaires qui amorçaient la descente. Leur marche à la queue leu leu, me permettait d’observer le visage de chacun : une série de visages hagards, de regards perdus, fixant le vide qui hantent depuis mon esprit et mes nuits.

Et Henry, le courageux ? Jusqu’au 26 juillet, date à laquelle j’ai quitté la région, il n’est pas réapparu sur les lieux. Redoute-t-il de frôler le placard du Mont Bego, placard déjà peuplé de cadavres, qui vient de s’alourdir d’un nouveau, cette fois-ci au propre et au figuré ?

lundi 1 août 2011

NICE MATIN : JUSQU’OÙ IRA LA COMPLAISANCE ?

Il y a peu, Nice Matin consacrait une page entière, illustration en couleur à l’appui, à un homme qui est tombé de son balcon dans un état d’ébriété avancée. Chute qui ne semble pas lui avoir coûté la vie.
Voici qui rend d’autant plus choquante la brève notice parue dans Nice Matin le 19 Juillet 2011 consacrée à la chute mortelle d’une innocente archéologue stagiaire de 19 ans ! Chute survenue alors qu’effectuaient des relevés dans la Vallée des Merveilles dans le cadre de l’équipe officiellement dirigée par Henry de Lumley.
La rédaction de cette notice bien discrète, signée J.-F. Malatesta (nom à propos !) s’évertue dans un floue peu artistique mais en tout cas bien ciblé et qui n’hésite pas à fausser certains faits afin de présenter aux lecteurs une version « arrangée » de ce sombre accident qui n’aurait pas du avoir lieu. Rédaction sur ordre ?
Si le lecteur non averti restera sur l’impression qu’on a voulu lui donner, le lecteur avisé en revanche et quelque peu initié aux chantiers de fouilles et aux règlements qui les gouvernent dénichera dans ce texte une série d’informations bien éloquentes.
Commençons par le début, par le titre « Une jeune archéologue chute et se tue ». Titre ambigu montrant d’emblée le manque de respect pour cette victime innocente qui va jusqu’à lui faire perdre son identité ! À aucun moment, son nom n’est cité. Je rassure vos lecteurs, elle a bel et bien un prénom et un nom, je vous l’apprends : elle s’appelle Aurélie Etienne, comme le précise le journal L’Alsace du 24 juillet 2011. Journal qui a pour unique source de (dés)information la notice de Nice Matin. Car même si la presse de France et de Navarre s’est intéressée à cet événement malheureux aucune ne semble avoir réussi à dénicher des informations nécessaires pour le répercuter.
L’événement serait-il placé immédiatement sous le sigle « secret défense » ?
Pourquoi l’omission du nom de la victime ? Omission trop surprenante pour être attribuée à un simple oubli, voire pour paraître anodine. À chacun de faire des hypothèses, pour ma part, j’ai la mienne…
Analysons la suite :
« a perdu la vie … dans une chute à la Roche de l’Autel ». Faux, elle a chuté depuis la vire d’une roche qui se dresse à côté de celle dite de l’Autel et d’une hauteur d’environ de 8 mètres !
« …travaux d’archéologie sous la direction du professeur Henry de Lumley qui s’est rendu sur site (sic !) hier soir » c’est-à-dire le jour même de l’accident. Information sans doute volontairement erronée afin de mettre en évidence le dévouement du professeur de Lumley ! Reprécisons ce qui est indiqué déjà sur mon blog : notre professeur avait guidé ce matin même aux Merveilles un groupe de notables et a quitté le site alors que la malheureuse stagiaire se mourait, quitté car pressé de rejoindre les « festivités » de Tautavel. Depuis on ne l’a plus revu sur le site…
« Le groupe a quitté un sentier balisé pour emprunter un chemin praticable. » Voici une information fausse mais parfaitement calculée et révélatrice. Si elle risque de surprendre les familiers de cette zone du site qui se demanderont où se trouve le dit « chemin praticable », elle sera en revanche éloquente pour les initiés des chantiers archéologiques et des règlements qui leur sont imposés. Voici qu’on arrive, si j’ose dire à l’essentiel, au point délicat…
Dans le jargon archéologique, le « chemin praticable » est un terme technique qui désigne en effet les passages ou les endroits où le port de casque le cordage ne sont pas indispensables. Or, la nature même de cette chute mortelle contredit de manière flagrante l’affirmation du journaliste et confirme qu’à l’endroit où elle s’est produite le port de casque était bel et bien obligatoire ; le cordage aussi! On peut tomber, certes, sur un chemin praticable, se tordre la cheville, se fouler le genou mais s’y fracturer le crâne, voici qui paraît un peu étrange. Depuis vingt ans que je sillonne les sentiers et les drailles du Mont Bego je connais aussi un chapitre sur les diverses chutes.
Cette information, fausse à dessein, a généré dans la région la version de la « fatalité », car, précise notre journaliste « c’est à cet endroit que le sol se serait dérobé sous les pieds de la malheureuse victime » . Un sol qui se dérobe par une journée de beau temps, n’est-ce pas curieux ?
L’emploi de ce terme technique qui vise sans doute à masquer le non-respect des mesures de sécurité, laisse présager que le journaliste aurait pu se faire instruire par des fins connaisseurs afin de suggérer au mieux la décharge de responsabilité.
Il existe plusieurs témoins de cette chute mortelle. Si Nice Matin obtient la liberté d’informer correctement ses lecteurs, il n’a qu’à se mettre à leur recherche, se mettre aussi à la recherche de ce « sentier praticable » au sol instable…

Pour ma part, je reste - à tort ou à raison - sur l’impression que des réseaux politico-maçonniques se sont mis une fois de plus en branle pour couvrir le responsable légal de l’équipe qui procède aux relevés sur le site du Mont Bego. Cherchera-t-on à étouffer l’affaire de ce décès malheureux et combien injuste car il jette une lumière crue sur le manque de mesures de sécurité réglementaires dans cette équipe ? Étouffer comme on l’a fait pour ce qu’on qualifie à l’étranger du « talibanisme à la française », à savoir les vandalismes commis dans une grotte sur le même site des Merveilles. Vandalismes que pourtant une enquête menée grâce au courage du magistrat Philippe Dorcet avait bel et bien mis en évidence. Étouffer aussi des découvertes passionnantes réalisées aux Merveilles pour la simple raison qu’elles aient échappé à ceux qui se considèrent comme maîtres absolus du site du Mont Bego.
La mort d’une victime innocente va-t-elle contribuer à briser ou du moins à fissurer ces carcans protecteurs qui laissent les intéressés sur l’impression de pouvoir tout se permettre ? En toute impunité…